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Etoile montante de la guilde des Aventuriers (Négociant, gestionnaire, médiateur)
31 ans
Humain
Avarice

Balthazar B. Ubervius

Un jour, un grand homme a dit... "Si quelque chose existe en ce monde, c'est pour une raison qui te sera profitable." Cet homme, c'est moi.
Humain
Homme
Terre
31 ans
185 cm
Givre-nés
Avarice
Chaotique
Neutre

Névrosisme Tendance à ressentir facilement des émotions négatives telles que l'anxiété, la colère, le désespoir... Attitude souvent traduite par de l'agitation, du stress, du pessimisme et de la méfiance pouvant dans des cas extrêmes se transformer en paranoïa.
Agréabilité Tendance à être compatissant et coopératif. Importance accordée à la bonne entente avec les autres au détriment de la force de caractère, de l'inflexibilité des opinions et de la capacité à imposer une décision.
Conscienciosité Importance accordée à l'organisation et la planification au détriment de la spontanéité. Les personnes consciencieuses ont tendance à apprécier le prévisible, l'exactitude et tendent vers le perfectionnisme dans leur travail.
Extraversion Importance accordée à la compagnie des autres et aux interactions sociales. Une personne extravertie a tendance à rechercher la stimulation et à accorder une importance particulière à sa vie sociale.
Ouverture Appréciation de l'art, de l'émotion, de l'aventure, des idées peu communes ou des idées nouvelles, curiosité et imagination au détriment de la tradition.

Description mentale

Opportuniste
Stratège
Charmeur
Visionnaire
Enigmatique
Si la tête et l'esprit de certains civils, s'ils devaient être comparés à un paysage, prendraient simplement l'allure d'une cabane dans les bois, ou pire, d'un macaque en costume qui joue des cymbales, l'esprit de Balthazar, lui, serait un immense donjon à plusieurs étages s'enfonçant dans plusieurs sous-sols et s'élevant sous forme de château de pierre blanche, et où chaque couloir créerait ponctuellement un nouveau carrefour vers un nouvel étage, et serait rempli de livres complexes sur l'histoire, ses rêves, ses ambitions, des archives sur les personnes qu'il a rencontré, avec parfois des salles de repos gorgés d'outils et de distractions pour perfectionner en société, et une milice de monstres qui se chargeraient de sécuriser son esprit en colonisant les lieux. Au bout du donjon, au dernier étage accessible, on tomberait sur une salle de contrôle géante où des outils magiques marchant à l'anima feraient un bilan de sa vie et de l'état de santé de son esprit, avec à côté une projection géante montrant le solde de son porte-monnaie, comme si ce nombre définissait toute sa vie, ainsi qu'une liste d'actifs non quantifiables à côté, comme ce qu'il a acquis socialement, ses locaux, ses alliés, et ses ambitions réalisées.

Lorsqu'il s'assoupit, il lui arrive de penser à ce paysage qu'il a modélisé mentalement pour se représenter lui même intérieurement, afin de mettre de l'ordre dans ses idées, élaborer de nouvelles stratégies, trouver de nouvelles idées, et plus globalement, faire un point sur sa vie. Vous trouvez qu'il réfléchit trop ? Peut être... Mais faire semblant d'apprécier tout le monde à la première rencontre en essayant de taper dans le mille à chaque phrase, tout en ne laissant passer aucune faiblesse et rattraper la moindre erreur, 24 heures sur 24, il s'agit d'un travail de longue haleine, vous en conviendrez. Et ce n'est qu'une simple étape nécessaire à l'assouvissement de ses plans. La première personne venue qui n'était pas né et formaté dans ces conditions serait devenue folle, névrosée, à sombrer dans la déprime et la fatigue jusqu'à se laisser mourir de lassitude sans avoir la force d'accomplir la moindre chose supplémentaire.

Malgré tout, il n'a pas toujours eu ce mental là. Très jeune, il était taciturne, avait du mal à s'exprimer, et avait très peu de confiance en lui. Cette façon de pensée actuelle atypique a été forgée en lui à travers son éducation très, très spéciale, qui a failli le briser. Après tout, lorsqu'on n'a aucun talent et aucune prédisposition à la magie, couronné d'un corps frêle et fragile... que reste t-il ? Il a dû se forger une nouvelle arme. Son arme, c'est le social, c'est son cerveau, ce sont ses idées. Il ne lui manque plus qu'à les assouvir, les légitimer, et avoir le statut qui va avec. Et enfin, il pourra se dire qu'il a une place dans ce monde, et que posséder des facultés ne lui sont plus nécessaires.

Description physique

Feat : IA - ChatGPT 4 - OC
Attitude générale
Moi, moi, toujours moi. Et si on parlait de vous, plutôt ? Que faites-vous dans la vie ? Parlez-moi de vous, de vos ambitions, que pouvez-vous m'apporter ? En quoi puis-je vous être utile ? Qu'êtes vous prêt à faire pour moi ? Sinon, revenons-en à moi...
Telles seraient les paroles que vous entendrez de Balthazar si vous lui demandiez une description de son attitude générale. C'est-à-dire un subtil mélange entre le fait de vous mettre en valeur tout en se positionnant lui même comme indispensable à vos yeux, et à lentement dévier le sujet pour au final chercher à lire en vous comme dans un livre ouvert, pour mieux redevenir le sujet de la discussion, et au final vous placer dans son échiquier de gains et profits, dans son plan global... et vous n'auriez rien à y redire, car vous y gagneriez aussi. L'analyse, la communication, la recherche de profits, de bonnes opportunités et la multiplication des relations sont son train de vie, son projet de vie.. que dis-je, son obsession à vie. Derrière ce faux sourire se cache une ambition énorme, tellement énorme qu'il en rêve la nuit et se réveille avec de nouvelles idées. Il voit le potentiel en chaque objet et chaque personne, toutes choses étant bonnes à prendre, utiliser, déclencher, influencer, pour déboucher sur une issue où il en ressortirait vainqueur, grandi, enrichi. De ce fait, il veut profiter des bonnes choses de ce monde, et voit aussi l'intérêt des mauvaises choses, souriant et tendant la main aux aventuriers comme aux monstres, aux gardes comme aux bandits, aux nobles comme aux miséreux. Une intelligence supérieure, une empathie instrumentalisée, une personnalité ni sombre, ni lumineuse... peut être le gris, le compromis nécessaire ? Oh, proposez lui un combat même amical, ou serrez lui la main un peu trop fort, et il y a de fortes chances qu'il appelle la garde à l'aide par instinct de survie. Il aurait bien fui par ses propres moyens, mais il est à peu près sûr de se mettre K.O tout seul en essayant. En effet, le conflit, les efforts physiques et les acrobaties ne seront pas au programme, étant extrêmement faible sur tous les plans. Impression laissée par le personnage "Un nobliau ? Demandons lui de l'argent, sait-on jamais.." (Un miséreux) "Un gosse de riche ? Je vais aller le piller cette nuit.." (Un roublard) "Un concurrent ? Il me faut toutes les informations disponibles sur sa branche commerciale." (Un marchand) "Un prince ? Je dois nouer de bonnes relations avec lui, ça me servira." (Un noble) "Un sponsor potentiel... Je dois lui demander de financer notre expédition." (Un excavateur) "Son faux sourire me rappelle tatie, pendant nos repas..." (Un sans cœur) "Côt côt" (Un poulet) Comme vous pouvez le voir, les réactions en le voyant sont très diversifiées. En tout cas, il ne laisse pas insensible, que ça soit ses manies, sa gestuelle, ses vêtements, son statut ou ses intentions. Les plus faibles de ces dames se laisseront charmer par son sourire ravageur et son allure de prince, les autres voudront commencer à s'en méfier. La barrière de l'apparence dépassée, les moins méfiants se laisseront attendrir par ses compliments injustifiés qui tapent dans le mille, et la petite période où il sera relativement amical et raisonnable avec vous peu importe votre origine, histoire de mieux vous cerner et de s'adapter à vous, pour mieux vous avoir dans sa poche ou vous utiliser. Et si malgré tout vous ne pouvez pas le voir en peinture, il se résoudra à faire profit de vous en tant que tel, ce qui a ses avantages aussi... du moins pour lui. Pour une raison inconnue, il attire les poulets, et quelques autres volatiles sauf exceptions... Sa théorie la plus plausible est qu'ils sont attirés par ce qui brille. Particularités physiques du personnage Poids : 69 kg Corpulence : Elancé, physique délicat. Yeux : Noisette clair Cheveux : Noirs et brillants, il est toujours bien coiffé. Situation : Célibataire Talent : Sait faire le hibou avec ses doigts, et faire des vagues avec ses sourcils. Au niveau de son corps : Son visage est fin, tellement qu'on pourrait aisément le déguiser en femme avec peu d'efforts. Sa peau est très claire, délicate et douce, symbole de son souhait d'éviter le moindre combat pendant toute sa vie. Il possède un tatouage noir au niveau de la nuque, symbole de la firme Ubervius, un tatouage que possède tous les membres de sa famille qui ont décidé d'embrasser l'avenir de la firme, et qui est aussi parfois tatoué sur des employés de la firme particulièrement loyaux et efficaces, pour les inciter à rester. Le tatouage prend la forme d'une balance en parfaite équilibre, avec d'un côté la lettre "U" avec une double barre faisant penser à une valeur monétaire en tant que telle, et de l'autre une tête souriante assez simpliste, dont la signification n'est connue que des porteurs du tatouage, et reste cachée au commun des mortels. Autres détails Au niveau de ses vêtements : Ayant fait du paraître et de la communication son arme de prédilection, il va toujours chercher à sortir du lot, à être propre sur lui du mieux qu'il est possible de l'être, et ce en toutes circonstances. Bien qu'il puisse s'habiller comme certains nobles jusqu'à qu'on le prenne pour l'un d'entre eux, il a une tenue un peu plus habituelle qui représente la firme Ubervius, et la position qu'il occupe à l'intérieur. Elle se compose d'un costume noir ou bleu marine, ou parfois à l'opposé dans les blanncs cassé ou beige très clair selon les circonstances, mais toujours brodé d'éléments scintillants aux couleurs de l'or, d'une chemise et d'un foulard dans le même ton. Le col du costume est particulièrement grand, et il a des épaulettes décoratives brodées de cette même matière dorée. Ce n'est évidemment pas de l'or véritable, lui préférant une autre utilité sous forme de piécettes. Au niveau de ses facultés : Il est aussi faible qu'un enfant introverti malade, aussi fragile qu'un bouclier en paille qui a pris des braises, et aussi adroit qu'un chat plongé dans un seau d'eau froide. Vous ne le verrez jamais combattre, et il fera tout pour éviter le conflit et les situations dangereuses. Cela inclue les choses un peu "folles" du quotidien, comme devoir tourner une grosse clé un peu complexe dans une serrure, faire ses lacets, ou écraser une mouche. Autant de situations épiques qui le mettent en danger, ou qui pourraient le tourner en ridicule s'il essaie de rester crédible dans une tirade charismatique. C'est l'une des raisons de la présence de son majordome, qui essaie de lui éviter ses situations embarrassantes autant que faire se peut, bien qu'il lui arrive d'être absent.

Histoire

Occupation : Etoile montante de la guilde des Aventuriers (Négociant, gestionnaire, médiateur)
Origines Histoire dans le message suivant Faits marquants Histoire dans le message suivant Liens importants Histoire dans le message suivant Ambitions, raison de vivre, objectif... Histoire dans le message suivant Autres détails de l'histoire du personnage Histoire dans le message suivant
Réputation
Balthazar est connu parmi les nobles. Pas personnellement, mais au moins sous le nom "Ubervius". Aussi, ses ambitions sont connues parmi la guilde des aventuriers, dont il cherche à gravir les échelons comme un affamé. Il a aussi une aura à Springcrest étant son lieu de naissance, à Frostwolf ayant aidé des démunis là bas, et à Ebonroc ayant passé ses études là bas. Historique - Noble Le personnage a passé son enfance dans un milieu privilégié et à l'habitude du pouvoir et de la richesse propre à l'élite sociale.

Qui tire les ficelles ?

Pseudo : Mils - Dial Blitzness
Comment avez-vous connu le forum ? Les Root-Tops, en cherchant un moyen de découvrir de nouvelles personnes pour remplir ma vie morne
Qu'est-ce qui a motivé votre inscription ? Le fait de de voir que le forum était aussi vivant et a survécu, malgré le fait que l'âge d'or des RP forum date d'il y a 5-10 ans
Image
Actifs accumulés : Marché modeste de technomagie et d'anima
Prochain objectif : Créer des relations & augmenter les sources de revenu passifs
Etoile montante de la guilde des Aventuriers (Négociant, gestionnaire, médiateur)
31 ans
Humain
Avarice
Avatar de l’utilisateur
Conscienciosité
Agréabilité
Névrosisme
Ouverture
Extraversion

Influence

Springcrest
Palier 2
Frostwolf
Palier 2
Force : 7
Constitution : 7
Sagesse : 14
Charisme : 18
Intelligence : 16
Dextérité : 7

HRP : Désolé d'avance, ça ne faisait clairement pas aussi long dans ma tête avant écriture. J'ai même pris quelques libértés vis-à-vis du lore, j'ai tout fait pour rester logique. J'espère que vous prendrez plaisir à me lire, autant que j'ai pris plaisir à écrire.
Livre 1 : L'enfant sans talent
(Thème musical d'Ulysse & inspiration visuelle)

Année 475.

Une énorme personne d'âge mûr, une force de la nature tout en muscle, un gabarit à faire frémir les gorilles les plus belliqueux, le moindre de ses mouvements faisant gonfler une dizaine de muscles insoupçonnés, avec l'impression que sa silhouette cache même le soleil lorsqu'il se tient devant vous, alors que ce n'est à priori qu'un simple humain... Non, je ne parle pas de qui vous savez. Cet homme là, c'est son père, alias Ulysse Ubervius.

Voici l'homme qui fût un temps parmi les plus importants, et l'un des plus atypiques parmi les nobles dans la région de Springcrest. En effet, il faisait souvent le double de la taille des autres nobles, sa silhouette était tellement serrée dans son costume distingué qu'on y apercevait très distinctement chacun de ses muscles au travers, et son allure digne et intelligent contrastait totalement avec son gabarit, à commencer par sa longue moustache grisonnante de gentilhomme, ses cheveux poivre et sel plaqués vers l'arrière laissant voir son crâne de catcheur, et ses gros sourcils virils surplombant ses yeux doux perpétuellement plissés, comme s'il réfléchissait constamment à quelque chose. Il avait toutes les manières des nobles et des gentlemen's, n'hésitant pas à faire des courbettes et autres sérénades de sa voix extrêmement grave et puissante. Bref, un érudit charmant dans un corps d'ogre.

"Pardon messire ? Vous nous dites que notre héritier n'a... aucun talent ?"

Cette phrase prononcée avec une voix frôlant les infrasons, était toutefois remplie de confusion et de déception. C'était Sir Ulysse, accompagné de son épouse, dans une bâtisse d'un quartier noble connue pour sonder le potentiel des enfants via des experts maîtrisant des techniques magiques d'analyse, et des reliques de technomagie conçues pour les sonder. Ce type de service servait pour certains nobles, afin de les aider à assurer l'avenir de leurs enfants, ou dans le pire des cas, de sélectionner leur progéniture ou de les déshériter. C'est pour cette raison qu'ils étaient discrets et ne marchaient que par le bouche à oreille, car ils contribuaient à l'inégalité entre les riches et les démunis, en abandonnant à leur sort des enfants considérés comme des poids.

Toutefois, les techniques et les technomagies utilisées n'en étaient qu'à leur balbutiement, grâce à la découverte récente de l'anima. Si ce type de service existait, c'était aussi pour faire progresser l'exploitation de l'anima dans les mains d'érudits extrêmement curieux. De ce fait, les diagnostiques n'étaient pas sûres et certaines à 100%, et ce domaine assez peu accepté d'un point de vue éthique n'était surtout connu que des nobles versés dans les sciences... ou les érudits riches. Et justement, notre grand gaillard en était un parfait spécimen.

"Pas de prédisposition à la magie c'est une chose, ce n'est qu'un humain comme nous. Mais... pas de force physique latente non plus, dites-vous.. ? Vous avez refait l'analyse une dizaine de fois, histoire de confirmer ? Vous êtes certain de cela, mon garçon ?"

Ulysse Ubervius, de la firme Ubervius, voulait assurer la réputation familiale, et l'avenir de la filiale en la cédant un jour à son fils, qu'il espérait aussi grand, beau, musclé, érudit et gentilhomme que lui un jour. Mais voilà, rien n'y faisait. Les analystes multipliaient les méthodes, les angles, les compétences, les réglages... C'était un zéro pointé. son jeune fils Balthazar, encore âgé de six ans à peine, n'avait aucune arme, aucune prédisposition, aucun point fort...

"...bref, aucun intérêt."

Sur ces mots, il sortit du bâtiment d'un pas lourd, devant se baisser pour franchir la porte qui n'était "que" d'une taille normale. Son épouse lui emboita le pas, se mettant à faussement sourire une fois visible par les passants dans la rue, après tout le paraître est le plus important. Et ils avaient bien plus important à faire. Après tout ces dernières années, des gisements d'anima ont été trouvés, et on en a trouvé des applications ! Il y avait tant d'opportunités bien plus intéressantes que... ça. Il s'enfonça dans la foule de la haute ville, sa femme à un bras, l'autre bras faisant des flexions dans le vide, par simple plaisir de solliciter ses muscles, presque de façon caricaturale.

La jeunesse de Balthazar se passa de façon assez peu classique pour un enfant de noble de Springcrest, il fût envoyé étudier à Ebonroc jusqu'à ses 15 ans, pour lui offrir les meilleures chances, et pour que ses parents entretiennent l'image qu'il leur fallait, à tous les trois. Comment était-ce possible, me diriez vous ? En effet, les nains éprouvent une méfiance non négligeable envers les ressortissants étrangers. Toutefois, Sir Ubervius sortait un peu du lot à leurs yeux, et était un acteur majeur du partage de connaissances entre Ebonroc et les autres Givre-Nés. L'académie d'Ebonroc était réputée très fiable, et les chercheurs qui y travaillaient bénéficiaient en avant première des recherches venant d'au delà leurs frontières, grâce à une poignée de riches passionnés, dont Ulysse faisait partie. Il arrivait même qu'il vienne en ville en personne pour voyage d'affaires ou rencontre diplomatique, pour aller miner un gisement rentable aux côtés d'autres nains ouvriers à coup de hurlements virils terrifiants, non sans continuer de garder sa tenue de noble, voulant respecter son standing personnel, quitte à le déchirer maladivement sous le gonflement de ses pectoraux et autres couches multiples de biceps. Et de fil en aiguille, l'académie ouvrit ses portes à son fils.

Balthazar était connu pour être taciturne dans sa promotion qui comptait une majorité de nains, il ne s'attachait à personne, ne souriait jamais, comme s'il savait au fond de lui que ses propres parents n'attendraient rien de lui. Il devait juste jouer son rôle jusqu'au bout. De plus, il absorbait les connaissances de l'académie avec une facilité déconcertante, à tel point qu'il s'ennuyait ferme. De temps en temps, il recevait une note de sa famille, prenant souvent la forme de son ogre de père, torse nu, en train d'exécuter une figure de gymnastique improbable, dans une pose étrange. C'était accompagné d'un mot, non pas pour avoir des nouvelles ou réagir comme un père, quelle étrange idée... mais pour lui donner des consignes sur son attitude et son avenir, notamment de ne pas aiguiser la méfiance des nains avec son attitude. Une façon de formater son fils avec le temps selon ses idéaux, et de garder son emprise à distance, probablement. Ebonroc étant construite sous une montagne, l'absence de ciel au quotidien rajoutait au côté étouffant de sa situation familiale.

Et ce quotidien se poursuivit, au même rythme, années après années. Mais à l'anniversaire de ses 16 ans, après ses études, en l'an 485...

Balthazar était revenu par bateau d'Ebonroc dans la résidence Ubervius à Springcrest. A peine a-t-il confié ses effets personnels à son majordome (ledit majordome étant probablement la seule personne du manoir avec qui il se sentait bien, mais l'on reviendra sur lui plus tard), qu'une ombre gigantesque masquait la lumière venant des vitraux au bout des grands escaliers centraux du hall. Cette ombre, c'était son père. Le colosse ne prenait même pas la peine de le saluer, étant totalement de dos. Il se caressait la moustache de deux doigts, en observant les peintures sur le mur, chacune d'elles représentant une génération d'Ubervius. Ils étaient tous charismatiques, chacun d'entre eux. Parfois, le muscle faisait place au charme, parfois il y avait les deux. Pour finir par le portrait d'Ulysse, et enfin d'un tableau... vide.

"J'ai vécu une véritable odyssée dans ma tendre jeunesse... Cela m'a vraiment forgé. Tu n'es pas moi, tu ne seras jamais moi. Pourtant, c'est à ton tour de vivre mon odyssée... L'odyssée d'Ulysse."

Au final, Balthazar connaissait très peu son paternel. Et cela se vérifia d'autant plus en ce moment, alors qu'il ne comprenait absolument rien à son charabia, venant d'abandonner l'idée d'un accueil, quel qu'il soit. L'érudit musclé ne s'embêtait même pas à développer son propos, préférant faire des étirements, mettant à mal ses vêtements de riche déjà si serrés. L'odyssée d'Ulysse ? Qu'est ce que c'est que ça encore ? Une punition ? Le nom d'une mission visant à le faire disparaître, car même l'académie d'Ebonroc ne l'a pas formaté comme il l'aurait souhaité ? L'homme mûr se dirigea vers lui, enjambant les marches d'escalier trois par trois, au vu de sa carrure, puis se pencha de tout son long pour lui donner une simple, seule, malheureuse, unique pièce d'or dans le creux de sa main.

"Reviens en vie, riche, et dans trois ans."
"- P-Pardon !?"

Balthy écarquilla les yeux, n'ayant même pas le temps de formuler une question intelligible, que son père se mit à le fusiller du regard. Un regard profond qui était vide de sentiments, un regard perçant condensant tout le sérieux du monde, contrastant avec son attitude étrange habituelle. Il claqua les doigts, pour utiliser l'un des arts qu'il maîtrisait, l'art des enchantements. Une magie arcanique se mit à l'oeuvre, téléportant progressivement Balthazar dans un écran de fumée aux multiples couleurs, puis ce fût le blanc complet.
Livre 2 : La métamorphose
(Thème musical)

Balthazar se retrouva dans un paysage glacial envahi par la neige. Presque instantanément, il tenta de se couvrir par tous les moyens possibles, n'étant même pas équipé du minimum qu'un aventurier devrait avoir pour se réchauffer. Il avait toujours sa tenue de noble, qui ne lui servait plus à grand chose, à part ironiquement aller succomber dedans comme le moindre miséreux.

"...en vie, riche et dans trois ans... Quelle blague. C'est un malade, c'est un grand malade !"

Sa première réaction alors qu'il réalisait doucement sa situation, c'était de hurler dans le vent du blizzard, pour injurer son paternel de tous les noms, et pour extérioriser toute la frustration de son quotidien infernal. Il ne s'inquiétait même pas de revenir, car personne ne l'attendrait. Et encore moins de rester en vie. Pourquoi faire ? C'est si fatigant de vivre. Malgré tout, il se souvint que de multiples bêtes colonisaient les terres, notamment dans la toundra et les montagnes. Cette pensée le fit redescendre de quelques degrés (vous l'avez ?), par pur instinct de survie, pour ne pas attirer encore plus de problèmes. Après avoir sondé l'horizon du regard, il réussit à s'installer dans un petit bosquet enneigé, dans le creux d'une petite surface rocailleuse qui le mettait au moins à l'abri du vent. Cela lui laissa le temps de réfléchir un minimum.

Sa première pensée fût celle de se servir de sa pièce d'or pour engager un mercenaire, pour assassiner son père. Il chassa très vite cette idée de son esprit, il n'avait aucune idée du prix que cela coûtait... ni si le mercenaire arriverait à le tenir en respect, au vu de l'homme. Il s'étonna de pousser la réflexion, alors que sa survie était en jeu. Et puis... une pièce d'or pour trois ans ?? Non, il fallait penser à autre chose. Mais c'était si soudain, et il était si désarmé... A quoi bon. Il se sentait seul... Trop seul. Les fameux monstres dont il a appris les espèces de base à l'académie, où étaient-ils ? Il prit ça pour le malheureux coup de chance du sort dans cet océan de malheur, et songea à se vider l'esprit. Alors que les minutes passaient, l'idée de laisser le froid l'emporter commençait à prendre du sens. Il se contenta d'attendre, inactif, résigné, en commençant à fermes les yeux.

Un petit bruit... Un bruit de feuilles juste assez audible pour que Balthazar ouvre timidement les yeux, déjà congelé... Un monstre ? La fin !? Il tomba sur... un briquet à anima. Il tourna la tête à droite, à gauche, en haut, aucun signe de vie, rien du tout. Bref, aucune raison qui expliquerait la présence de cette chose ici, même pas le moindre écureuil. Il s'en empara avec une volonté qui l'étonnait lui même.

"Je veux vivre !!"

Il alluma timidement le briquet, et fit rapidement un petit feu fragile avec des brindilles épargnées par la neige, pour se réchauffer. Se réchauffer tout juste assez pour lui redonner la volonté d'essayer, et de réfléchir sérieusement à la suite. Au vu de la température et des reliefs, l'adolescent supposa qu'on l'avait téléporté près de Frostwolf. Il chercha du regard des points de repère au loin, avant de finir congelé définitivement. Il finit par remarquer le lac Placide au loin, d'où il pouvait se repérer. En effet, Springcrest était encore plus loin après le lac. Mais de toute évidence, avec cette météo, il fallait rejoindre Frostwolf qui était plus proche au plus vite avant d'y passer, que ce soit par la température ou par une bête indésirable.

Un lapin blanc apparut dans la neige, le sortant à nouveau de ses pensées par un sursaut qui l'étonna lui même. Non, ce n'était pas un monstre. Enfin... A priori non. N'est-ce pas ? Son regard croisa le sien, et aucun des deux ne bougea, dans une tension insoutenable. Le lapin ne sachant pas fuir dans la neige, l'adolescent ne sachant pas chasser sans son majordome au minimum, et encore moins cuisiner. Cette réalité lui rappela à quel point il n'était rien. Un simple sort magique aurait pu changer la donne... Puis d'un coup, Balthazar éternua comme il n'avait jamais éternué, effrayant le lapin qui sauta assez haut pour détaler comme si sa vie en dépendait... mais un espèce d'aigle énorme captura le lapin en plein vol, dans un dernier petit cri de surprise, laissant Balthazar seul, surpris et démuni... et avec un rhume foudroyant. Sa très faible constitution allait bientôt avoir raison de lui, et ce n'était que le premier symptôme.

En cet instant, le garçon appris que la nature se fichait bien du statut de chacun, que le noir et le blanc n'existait pas, que tout était gris. Et que pour s'en sortir, il fallait simplement se servir. Peut être un déclic, le premier d'une longue série... Un déclic pas si inutile que ça ? Après une demi-heure de marche extrêmement périlleuse, inhabituelle pour sa constitution, et salissant ses vêtements juste assez pour faire oublier aux passants ses origines nobles, Balthazar atteint enfin l'une des entrées de Frostwolf, en quête de chaleur dans la première auberge de la rue. La ville était bien plus proche qu'il le pensait. Était-ce plutôt lui qui était lent ? Le fait d'avoir éternué et toussé sur tout le trajet n'avait rien arrangé. Il avait déjà le tournis à peine arrivé en ville.

"La route de Frostwolf vers Springcrest n'est pas si longue, mais... La troisième condition qu'il m'a donné, c'était de revenir riche. Ca veut dire quoi, riche ? Selon lui ? Selon moi ? Selon un civil ? Selon un miséreux ? Il n'y a pas de nombre explicite..."

Alors qu'il était plongé dans ses pensées, un serveur de l'auberge alla à sa rencontre, lui proposant de consommer. Par réflexe, Balthazar fouilla dans sa poche pour commander des choses à son goût et même gratter quelques informations... Quand la réalité lui revint en mémoire. Une seule pièce d'or. Il devait la garder. A tout prix. De ce fait, il ne commanda rien, et sortit du bâtiment en s'excusant. Allait-il devoir vivre comme un miséreux ?

"Aaaah ça me gonfle !!"

Il se frotta les mains pour se réchauffer, et alla dans une ruelle assez bondée pour ne pas être directement en danger, mais aussi assez libre pour qu'on le laisse tranquille. Il s'accroupit au sol, et commença à rédiger son plan de bataille dans la neige, pour essayer de faire fructifier son unique pièce d'or. Des idées en l'air... un véritable brainstorming dans la neige, que certains passants remarquèrent.

"Regarde papa ! Un miséreux qui fait semblant de savoir écrire comme les nobles !"
"- Voyons ma fille ne le regarde p-- ... mais... mais ce sont des maths ? Ce jeune petit sans abri sait calculer ? Mais... C'est de la géométrie ? Là, les faits historiques du siècle dernier, classés par ordre d'importance ! Il y a même une théorie d'application de l'anima dans le commerce ! Viens voir, chérie !!"

Balthazar était bien trop frustré et concentré pour ne serait-ce que réaliser le comique de la scène, lui qui avait toute l'apparence et la situation d'un miséreux, tout en dessinant un schéma prédictif de la spéculation de l'anima en bourse sur les trois prochaines années. Il balaya les passants de la main pour les faire partir, car l'heure n'était pas au spectacle. Il tenta des théories farfelues, des heures durant, jusqu'à que la neige recouvre de nouveau ses écrits les plus anciens, ou que des passants commencent à les piétiner. Balthy commençait à sérieusement mourir de faim, sa vision n'était plus très claire, et le froid reprenait de plus belle. Il s'allongea contre un mur, en arrêtant d'écrire, son regard perdu dans le vague, redevenant léthargique... jusqu'à qu'un homme tout vêtu de noir et au visage encapuchonné s'arrête à proximité de lui, et lui posa une gamelle de viande et de légumes, avant de repartir. Ni une ni deux, il se jeta dessus et commença à consommer pour reprendre des forces, juste assez pour se souvenir de le remercier... mais au moment où il leva la tête, la silhouette avait disparu. Et franchement, c'était le dernier de ses soucis, vu sa situation. Il continua à manger de plus belle, avant d'apercevoir le regard des autres miséreux partageant sa ruelle. Oui, ils avaient tous faim. Evidemment. Mais premier arrivé... Malgré tout, l'hésitation s'empara de lui. Manger devant eux n'était clairement pas aussi facile.

"Argh... Si je donnais ma gamelle... Autant donner ma pièce d'or et mourir. Non, c'est hors de question."

Son regard se replonga dans son assiette... pour de nouveau se relever vers les pauvres enfants. Il soupira, se leva, et leur fit signe de le suivre, en marchant au fond de la ruelle, dans le premier endroit désert qu'il pourrait trouver, avant de leur donner l'intégralité de ce qu'il restait, en espérant que cela leur suffirait.

"Bon, désolé hein. Mais je n'ai que ça."

Pour le remercier, les enfants lui montrèrent une planque. Une bâtisse abandonnée de la basse-ville de Frostwolf, qui servait d'orphelinat de fortune. En vérité, il n'y avait qu'eux, et quelques autres miséreux de tout âge, mais principalement jeunes. On ne vivait pas longtemps dans ces conditions. Ces locaux étaient pauvres, mais suffisants. Balthazar se servit de son briquet à anima pour allumer un feu de fortune avec de vieux tissus. Ce fût pris comme une véritable révolution, dans un "ouaaahhh" général. Balthy leur avait apporté la lumière et la chaleur. Cet endroit n'en avait plus eu droit depuis une éternité. L'espérance de vie et la santé globale des sans abris s'en retrouva encore augmenté. Les jours passèrent et se ressemblèrent, l'adolescent gardant très précieusement son unique pièce d'or, et se servant d'un vieux tableau inutilisé pour écrire des plans dessus avec de la vieille craie friable, afin de devenir riche. Chacun de ses plans avait des bases solides, mais aucun n'était réalisable avec une pièce d'or, et encore moins en trois ans. A chaque fois que le désespoir toquait à sa porte, il fût encouragé par un enfant. Certains d'entre eux ramenaient même de la nourriture par leurs propres moyens, faisant le bonheur du petit groupe. De temps en temps, un éclair de génie de Balthy améliora leur conditions de vie par pur hasard, comme la fois où il découvrit qu'il attirait parfois les poulets avec les ornements brillants de sa tenue de noble sale lors de ses balades de réflexion dans la basse-ville, permettant de tenter un élevage de volatile dans le bâtiment (sans grand succès), mais offrant malgré tout de quoi faire cuire quelque chose sur le feu, à défaut de leur faire pondre des oeufs. Il réalisa que l'élevage, eh bien après tout, c'était un vrai métier, bien loin des nobles. Au moins, ce fût un sujet de discussion avec les autres enfants sales, à défaut de l'avoir fait, il leur expliqua la théorie afin de les faire rêver un peu.

Les semaines passèrent, puis les mois. Sans s'en rendre compte, Balthazar s'était habitué à ce quotidien, et à l'idée inconsciente qu'on l'avait simplement abandonné. La nourriture rarissime avait transformé son corps, encore plus frêle, faible et blanche qu'avant. Mais par pur orgueil, et aussi parce que c'était devenu son passe-temps, il continuait ses fameuses recherches sur ce tableau, qu'il avait maintes fois rempli et effacé. Le reste du temps, il se changea les idées en faisant connaissance avec les autres démunis, qui n'étaient d'ailleurs pas toujours humains. A sa grande surprise, beaucoup d'entre eux sont des laissés pour compte ou fils et filles illégitimes de grands nobles de la ville ou de cités avoisinantes, que son propre père connaissait d'ailleurs très certainement. Cela lui fit réaliser que le réseau que les enfants formaient était formidable, et touchaient à absolument toutes les sphères politiques et sociales, et la plupart des familles de nobles. Oui, nous n'avions pas d'argent, mais... il n'existait aucun endroit sur cette terre liant autant de mondes différents à la fois. Les démunis avaient donc un pouvoir, c'était un réseau d'information imbattable, couplé d'une entraide sans faille. Une richesse introuvable ailleurs.

Les mois se transformèrent en année. En l'absence de calendrier, Balthazar s'était calqué sur les élections locales, et Gunnar Wiseman devenait magistrat de Frostwold pour la seconde fois. On en parlait dans les rues, sous toutes les coutures. C'est comme cela qu'il sut que nous étions maintenant en l'an 488... L'année où l'épreuve de son père était supposée se terminer, alors qu'il n'avait encore aucun résultat et aucun plan.

Le jour fatidique arriva. Le jour où la dernière craie de Balthazar fût consommée. Les réserves étaient à sec, et il ne savait plus comment en trouver sans inquiéter la garde régulière, ou devenir un vulgaire voleur de bas étage. Il ne pouvait plus écrire sur le tableau, et il ne restait que quelques mois.

"Quel drame... Comment faire maintenant ? Tout retenir de tête ?! Mais... En trois mois ? Non, c'est définitivement impossible. Il n'y a aucune solution... il n'y a vraiment aucune solution.... Hmmm... Aucune solution... mais oui !"

C'était ça ! Il n'y avait définitivement aucune solution ! Un énorme sentiment de libération émergea du fond de son esprit, comme s'il avait ouvert plusieurs verrous d'un coup de son esprit. Il allait tout simplement laisser tomber la réflexion, et abandonner cette odyssée à la noix. Sa mission sera simplement de passer le reste du temps alloué avec les sans abris, pour se faire de derniers souvenirs, expliquer son choix et préparer son départ. Il allait simplement rentrer à la demeure Ubervius et expliquer sa façon de pensée à son "père", quitte à en crever à l'issue. Mais au moins, il aura la conscience tranquille, et on se souviendra d'Ulysse comme l'abruti qui a essayé d'abandonner son fils de la manière la moins subtile qui soit.

"Ce plan est parfait. Il voulait que je devienne riche ? Eh bien, il n'aura qu'à payer lui même pour mon silence, après tout la firme Ubervius a une réputation à tenir."

Les dernières semaines avant le jour J arrivèrent. Il expliqua aux autres ce qu'il comptait faire, et à quel point c'était important pour lui. Etrangement, ils comprirent tous son choix, comme si c'était prédestiné. Et l'idée de réclamer une revanche pour sa vie sonnait admirable dans les yeux de l'ensemble des miséreux. Alors qu'il allait partir, la plupart d'entre eux prirent la peine d'offrir un "cadeau d'adieu". Rien de volé, rien qui coûtait de l'argent. C'était évidemment du fait main avec des matériaux de récupération, mais c'était avant tout une part d'eux même. On y comptait un dessin réalisé avec différentes poudres montrant le paysage d'un souvenir qu'ils avaient raconté autour du feu, un instrument à vent réalisé avec un os, ou encore une poupée tressée de cordes à l'effigie de Balthy. Franchement, il ne s'attendait pas à ça, c'est le moins qu'on puisse dire. Il se surprit à laisser couler une larmichette, lui qui était pourtant si renfermé, taciturne et cartésien. Leur rencontre était vraiment une expérience très riche.

"Il est l'heure."

Après s'être faufilé dans une charrette remplie de bagages et de quelques voyageurs perdus récupérés sur le chemin, il prit la direction de Springcrest, en empruntant la voie commerciale. Le trajet n'était pas très long, et pas spécialement mouvementé. Aussi, les températures devenaient plus douces progressivement, alors que le véhicule longeait le lac Placide pour le contourner. L'odeur du sel marin dans l'air reconnaissable de la cité proche de l'océan était de plus en plus persistante. Il finit par arriver comme prévu, alors que revoir le paysage de sa ville natale commençait à le faire paniquer. Sa tension artérielle ne cessait de grimper, alors qu'il grimpait lui même les marches de la basse-ville pour arriver dans les quartiers riches, puis finalement devant les grandes portes du manoir familial. Il ouvrit grand, déterminé. Son majordome s'inclina à son apparition.

(Thème musical d'Ulysse n°2)

"Papa !!"

Balthazar était rempli d'adrénaline, comme jamais il en a été par le passé, prêt à toutes les sanctions, toutes les issues, mais il fallait simplement une seule chose, qu'il ferme le clapet à ce type. Le concerné fit son apparition, en franchissant difficilement une porte de toute sa carrure incroyable, et descendant doucement les escaliers centraux du hall, en sa direction. En l'apercevant, il esquissa comme un petit rictus, relevant sa grande moustache d'un côté. Ses yeux plissés ne laissant transparaitre aucun sentiment en particulier, et comme attendu de lui, pas même un bonjour. Balthazar prit son souffle, lui montrant l'assurance du jeune adulte de 19 ans qu'il était devenu.

"Alors déjà Bonjour cher papa, je suis si content de te voir, et caetera, et caetera. Ca ne fait pas de mal de se saluer, même entre deux étrangers n'est-ce pas ? Un noble a une étiquette, mais seulement quand ça lui chante, c'est ça ? Alors oui, tu l'auras compris, je ne suis en réalité PAS content de te voir. Et j'espère que je parle assez fort pour que Mèèèèère m'entende aussi, au lieu de se complaire dans sa passivité ! Au pire, les voisins lui répéteront !!"

Ulysse était totalement figé, comme s'il était intérieurement en état de choc. Mais qui était cette personne ? Le changement était incroyable, et monsieur muscle ne savait plus où se mettre.

"Alors tu m'en vois navrééééé, j'ai raté ton épreuve à la con. C'est quoi déjà ? Une odyssée ? On pourrait pas appeler ça un livre de blagues plutôt ? Il était génial ce spectacle, tu peux l'essayer dans tous les théâtres de la haute ville de Springcrest dès demain, c'est au poil ! Surtout l'acte où tu envoies ton propre fils dans les montagnes glacées sans aucune raison, parce que c'est trop demandé qu'il n'ait que trois minutes supplémentaires pour juste arriver à déposer son paquetage de l'académie d'Ebonroc dans sa chambre ! Après, si tu m'as déjà déshérité et remplacé par une marionette qui me ressemble acheté au premier commerce d'esclave venu, je peux éventuellement comprendre que ma chambre soit déjà occupée par quelqu'un, n'est ce pas !? Après tout, j'en ai aucune idée, je n'en ai jamais vu la couleur !!"

Balthazar, totalement enflammé par son discours rempli de sermons, d'accusations, et de la frustration accumulée depuis sa "tendre" enfance, était devenu inarrêtable. Périodiquement pendant son discours sans fin, il tournait la tête en biais pour que sa voix porte un maximum dans la rue, audible des bourges à proximité.

"C'est quoi tes trois conditions, rappelle moi ? Que je revienne dans trois ans ? Eh bien voilà, on y est, encore une fois tu ne m'as pas vu grandir ! C'est si facile n'est ce pas ?! Et franchement, j'aurais pu revenir deux jours plus tard, l'issue aurait été exactement la même ! Ensuite, qu'est-ce qu'on avait... Que je sois en vie ? Tu joues la vie de ta famille sur un lancer de dé ?! Alors oui je suis en vie, je te laisse le soin de décider de si ça doit le rester, parce que j'en ai absolument plus rien à faire ! Et, ohlala, on va se marrer un bon coup... La dernière condition, c'était que je devienne riche, c'est ça ? "

Il sortit la pièce précieusement mise de côté dans sa poche pendant ces trois dures années, pour lui montrer, brillante comme au premier jour. Puis, il recula de plusieurs pas, prenant manifestement un maximum d'élan, puis fonça dans la rue et lança la pièce en direction de l'océan. La pièce se propulsa dans le ciel, à peine visible avec le reflet des rayons du soleil, puis dégringola de la haute-ville pour arriver en contrebas, en continuant de rouler le long de la basse-ville, puis de totalement disparaître du champ de vision aux alentours du port le plus proche. Balthazar revint près de son père.

"Oooh, je suis vraiment désolé << Père >>, non seulement je ne suis pas riche, mais en plus j'ai perdu l'<< intégralité >> de ma fortune familiale à l'instant ! La pièce est probablement dans un caniveau, ou alors tombée dans la mer. Peut être qu'un crabe va être attiré par son éclat et s'en emparer. Oui, c'est une bonne idée, tu devrais adopter le crabe, et lui donner un titre nobiliaire pour qu'il reprenne la tête de la firme Ubervius ! Elle sera entre de bonnes << mains >> ! Haha, excellent !! Tu sais quoi ? Au début je ne voulais pas balancer la pièce, mais acheter une brochette sur la route et la consommer devant toi. Mais je ne trouvais pas ça assez humiliant. Après tout, tu m'as humilié de la même façon, en m'imposant des conditions aussi absurdes pour une requête aussi impossible. Ne me dis PAS que c'est possible. J'ai passé trois ans à élaborer des théories, thèses et antithèses pour répondre à ton défi. Je me demande même si je n'ai pas révolutionné le monde du commerce sans le savoir !! La mascarade d'Ulysse, elle se termine ici !!"

Et ensuite... Le silence. Un long silence, presque gênant. On n'entendait que son souffle saccadé, alors qu'il essayait tant bien que mal de reprendre une respiration normale, chose qu'il n'arrivait pas à faire. Puis après une longue minute, Sir Ulysse prit une position improbable de bodybuildeur, en faisant contracter ses deux bras dans des sens opposés.

"Tu as réussi avec brio, mon fils !!"
"Je vais te tuer !!"

Sa "victoire" étant clairement impossible, sa déclaration était incompréhensible, et Balthazar l'a pris comme un affront de plus, sans doute le plus violent d'entre tous. Quand bien même il ne lui arrivait qu'au genou en hauteur, il cherchait à l'étrangler de ses deux petites mains frêles, simplement retenu d'un doigt de son majordome sans le moindre effort, qui se contentait d'appuyer de l'index sur son front pour qu'il reste à sa place. Réussi ? C'est quoi cette nouvelle blague encore ? Ulysse se retourna, dos à lui, en se croisant les bras.

"Tu es bel et bien riche. Riche d'enseignements, et riche humainement. Les souvenirs que tu as avec toi ne sont pas de ton fait, je me trompe... ?"

Le jeune homme se calma un instant, l'air interrogatif, alors qu'il jeta un oeil à sa sacoche de fortune qui s'était ouverte pendant sa frénésie. Les cadeaux d'adieu des démunis de la basse-ville de Frostwolf en dépassaient, notamment la poupée de Balthy. L'oeil avisé du père ne l'avait pas trompé, et visiblement c'était l'objectif recherché. N'était-ce pas un peu trop "simple" comme explication ? Et pourquoi ne pas avoir été clair à ce sujet dès le début ? Le prévenir aurait été contre-productif ? Peut être, après tout... Mais tout de même. Alors que Balthy avait repris son souffle et était redescendu de quelques degrés, il remarqua aussi que cet odieux personnage avait utilisé le terme "mon fils". Alors ça, c'était venu de nulle part. Il en aurait eu le souffle coupé si ça n'avait pas déjà été le cas sur le coup. Le grand Ulysse s'éclaircit la gorge.

"C'est bel et bien une odyssée. Après tout, cela comporte plusieurs étapes et aventures distinctes. Tu n'en es qu'au début."
"Que veux tu dire ? C'est pas assez pour toi ? Que cherches tu cette fois ? Améliorer la réputation de la filiale ? Me trouver un mariage arrangé ? M'envoyer apprendre le métier de négociant avec des personnalités célèbres de la région ?"

L'ogre se retourna d'un pas lourd vers son fils, la moustache frétillante, et il se baissa à son niveau en le fusillant du regard. Un regard plein de détermination et de volonté. Il posa sa lourde main droite sur son épaule.

"Tu dois aller en prison deux ans, Balthy."

Et... de nouveau un silence gênant. Encore plus long que le précédent. Le jeune homme écarquilla les yeux, le visage crispé entre la consternation, le rire nerveux, l'air désolé que son père soit aussi crétin en réalité et que personne ne le sache. Il tourna la tête vers son majordome, interrogateur, comme pour demander si quelqu'un lui avait lancé une malédiction ou une magie abrutissante pendant son absence, mais rien n'y faisait. Le majordome en question se retroussa les gants, prit le fils par le col, et l'emmena vers une destination inconnue, avec la bénédiction de Sir Ulysse, qui s'inclina avant de refermer les portes derrière eux.

"Non, non, non, non, non je ne veux pas !! Laissez moi partir !! Lâchez moi !! Mon majordome me kidnappe ! A l'aide !! Quelqu'un !!"
Livre 3 : Le négociateur gris
(Thème musical)

Quelques jours sont passés. Des jours compliqués. L'impensable s'était produit. Balthazar était bel et bien derrière les barreaux, dans une cellule miteuse située pile poil dans un carrefour de couloirs contenant plein d'autres cellules, dans une prison privée dans la basse ville de Frostwolf, la ville qu'il venait à peine de quitter. Il se dit qu'il allait peut être y croiser des connaissances, en riant jaune nerveusement. Non, bien sûr que non. Il n'y avait que sa propre famille pour être aussi folle. Il avait encore en tête les paroles du geôlier qui avait mis la main sur lui avant de l'enfermer.

"Sir Balthazar Ubervius ! Vous êtes condamné à titre gracieux par la garde régulière de Frostwolf, à purger une peine de deux ans dans la prison privée numéro 4 de la cité, pour les motifs suivants, ..."

Suivi d'un blanc. En effet, il n'y avait aucun motif, et la phrase était donc incomplète sur le document. Enfin, incomplète et complète à la fois, en quelques sortes. Le document avait le sceau de Gunnar Wiseman, le magistrat de Frostwolf, un peu comme s'il avait été collé au document à la chaine, sans qu'il y prête énormément d'attention. C'était tout ce qu'il y avait d'officiel... et de ridicule. C'était tout simplement invraisemblable. Une parodie d'aventure. Et maintenant il était là, dans sa cellule, littéralement sans aucune raison. Mais le bon côté, c'est que ça lui donnait matière à réfléchir. Après tout, deux ans, c'est long.

"Bon, je ne peux pas contredire mon père. J'ai bien évolué suite à sa première... uhm... punition. Je n'aurais jamais réagi comme ça par le passé. Il faut donc partir du principe qu'il a bel et bien une idée derrière le crâne, mais qu'il s'exprime juste comme un idiot."
"Je vous le confirme, jeune maître."

La voix qui venait de l'autre côté des barreaux de la cellule, côté libre, c'était celle du fameux majordome du domaine Ubervius. Une voix très posée et neutre, pour contrebalancer l'excentricité de Balthazar. L'homme en question avait une canne-épée qu'il utilisait comme une simple canne depuis des dizaines d'années maintenant. Il était en effet assez vieux mais aussi distingué que le père du jeune homme. Sa tenue de majordome était totalement noire, avec un noeud papillon blanc, et des gants blancs assortis. Il avait un chapeau noir sobre avec le logo des Ubervius brodé dessus. Ses cheveux blancs étaient assez long, lui tombant sous la nuque.

"Mon cher Homère, si je puis me permettre, vous qui êtes supposé être aux petits soins pour moi, vous ne m'avez pas beaucoup aidé jusqu'à présent."
"Jeune maître... Je sais que votre premier séjour à Frostwolf était difficile. Mais croyez vous vraiment que je n'étais pas présent... ?"

Le jeune homme se remémora les étapes de son voyage pour déterminer s'il aurait pu en être. Il se souvient soudainement d'un briquet à anima tombé de nulle part... ou encore de la gamelle de nourriture qui lui a permis d'avoir la volonté de continuer, et même de faire des rencontres déterminantes. Homère l'observa d'un oeil brillant sous son chapeau, observant qu'il venait de comprendre.

"Vous avez compris, semblerait-il. Aussi, sachez que j'ai continué à glisser de la nourriture via vos amis sortis en quête de choses utiles à ramener... mais aussi de craie pour vos recherches. Saviez vous que la craie est un produit de luxe ? Il est normal de ne pas en trouver dans l'Abysse de Frostwolf. J'ai dû arrêter de vous en fournir, car je devais retourner dans la demeure avant la fin du délai... et j'espérais très sincèrement que vous alliez m'emboiter le pas, et fort heureusement, vous l'avez fait."
"Tu es terriblement efficace..."
"Vous ne savez pas à quel point."

A cette phrase, il sortit sa canne-épée de son fourreau, comme pour s'assurer de son éclat, semblant se remémorer un passage assez éprouvant.

"...j'ai aussi dû m'occuper d'un groupe de bandits qui a vu votre feu de camp... et de quelques yétis attiré par votre cri de frustration."
"Je... hum... je ne peux même pas t'en vouloir, je suppose que tu as suivi ses directives... et que tu lui faisais aussi des rapports."

Il étouffa rapidement un gloussement de honte devant sa propre imprudence, pour rapidement changer de sujet, recentrant la discussion sur la situation présente. Puis il soupira, comme si on l'avait mis dans une pièce de théâtre sans lui dire pendant des années, et qu'il réalisait d'un coup l'étendue de la supercherie, d'un bloc. D'ailleurs, il y était toujours, dans cette pièce de théâtre. Il n'avait toujours pas compris ce qu'il faisait en prison. Il se tourna d'un oeil interrogatif vers son cher majordome.

"Mon cher Homère, si vous êtes présent à mes côtés cette fois, c'est qu'il y a une raison je suppose. Par le plus grand des hasards, êtes vous habilité à m'expliquer le motif de ma présence ici ?"
"En ce qui concerne le motif, il est véridique. Vous êtes << effectivement >> enfermé ici à titre gracieux pendant deux ans, condamné pour absolument rien. Il y a aussi une deuxième condition, que votre père ne vous a pas communiqué sur le moment. Vous devez gagner 400 pièces d'or dans ces conditions."

Le visage de Balthazar devenait pâle en entendant ces mots. Le défi était de taille. Mais étrangement, il se surprit à ne pas être "si" en colère que ça. Peut être qu'il avait compris que ce n'était pas personnel, mais que ça s'inscrivait bel et bien dans quelque chose de plus grand. En bref, une énigme à résoudre. Il commença par faire des calculs... En sachant qu'un civil lambda exerçant le métier de forgeron ou boulanger gagne en moyenne 25 pièces d'or par mois, représentant 300 pièces d'or à l'échelle d'une année, et donc 600 à l'échelle de la durée de la peine de prison... Il fallait donc faire les deux tiers de cette recette. A partir de ce postulat...

"Eh bien, avec une rentrée d'argent de zéro, des ressources estimées à zéro et des actifs estimés à zéro, d'ici deux ans j'aurai... Zéro. Mais au moins ça m'a occupé cinq minutes."

Il se félicita d'avoir eu l'air intelligent aussi longtemps, pour un résultat nul. Il est clair que la source de la richesse n'allait pas venir de lui ou de son environnement direct. Il n'y avait qu'une possibilité, cela viendrait de << l'extérieur >>... Peut être que le rôle d'Homère était plus étendu que simplement lui donner des détails ? Il y a aussi la possibilité qu'un événement se produise dans un futur proche, qui n'est pas habituel avec un condamné classique, et qu'il doive en tenir compte. Il décida de rester à ce niveau de réflexion, et de poursuivre le lendemain, se blotissant dans sa couche de fortune pour essayer de dormir.

"Hé, debout là dedans. Pas de repos pour les vermines comme vous."

Balthazar se réveilla en sursaut. Il y avait un geôlier au bout du couloir, qui distribuait des repas très sommaires dans les cellules, une à une. Il ne se privait pas de cracher sur la dignité de certains détenus au passage, selon leur profil, en leur donnant leur pain sec, leurs deux légumes déshydratés et leur verre d'eau. Mais, arrivé au niveau de Balthazar...

"Voici pour vous, messire."

Du vouvoiement dans ce contexte ? Du messire ?! A la prononciation de cette phrase remplie de respect, les autres prisonniers le fusillèrent du regard. Et ce n'était pas fini, il n'y avait pas de repas. Mais trois pièces d'argent. L'adolescent interrogea le garde, pour savoir ce qu'il se passait, et pourquoi il n'était pas nourri comme les autres, mais aucune réponse. Simplement une courbette du soldat qui lui montrait un respect standard, comme s'ils étaient dans la haute ville. Il repartit, laissant Balthy avec toutes ses questions, et une petite faim malgré tout. L'argent, ça ne se mange pas, quand bien même ça fait plaisir. Le majordome était resté dans les parages tout aussi mystérieusement que la situation en elle même.

"Mon cher Homère, vous n'avez rien à me dire sur ce qu'il vient de se passer, n'est ce pas ?"
"Non, absolument rien, jeune maître. En tout cas, sachez que je mange avec les gardes et que je ne partagerai rien, et que je n'ai rien sur moi à part de quoi écrire."

Ses précisions sonnaient comme des appels à abandonner tout espoir de se faire aider, ou à poser d'autres questions. Il réfléchit alors à nouveau. Et si tous les "repas" futurs allaient se passer de la même façon ? A raison de deux repas par jour d'incarcération, on monterait à 6 pièces d'argent la journée, pour une année, ça ferait 2190 pièces d'argent... Si on élargit à la durée d'incarcération, et qu'on convertit en pièces d'or, ça ferait...

"...438 pièces d'or ! Le compte est bon ! Mais... mon compte à moi est bon aussi. Je mourrai de faim en quelques jours à peine, n'est-ce pas..."

Toutefois, il remarqua qu'il avait de la marge. Il aurait 38 pièces d'or de surplus, représentant 380 pièces d'argent, et donc environ 127 repas, lui permettant d'être nourri pendant 63 jours, donc deux mois. Serait-ce possible de faire fructifier de l'argent avant d'épuiser les deux mois de nourriture ? Soudainement, il entendit des petits ricanements venant de plusieurs cellules, venant de part et d'autres du carrefour de couloirs.

"Hehe. Crève bien de faim dans ton argent, le nobliau."

Être "riche" mais affamé... Au final, tout n'était qu'une question d'équilibre. Balthazar sentait qu'il se rapprochait d'une solution potentielle. Une rentrée d'argent qui ne viendrait que de l'extérieur, Homère le majordome qui a le champ libre, les pièces du geôlier, les prisonniers traités différemment... Et en emboitant le tout...

"Mais oui !"

Il eut une nouvelle révélation. Tout en ce monde n'était qu'opportunités. Tout autour de lui n'était que des paramètres à prendre en compte, et à utiliser à son avantage. Il se leva et s'adressa aux prisonniers proches, en parlant fort à travers les barreaux, à qui voudra bien l'entendre.

"Hé vous ! Certains d'entre vous n'ont pas si faim que ça, n'est-ce pas ? Celui qui se sent capable de sauter un repas dans la journée, je lui rachète pour deux pièces d'argent. Mon majordome se chargera de l'échange entre nos cellules."
"Tu rêves, démerdes-toi et meurs."

Son plan initial était de "gagner" une pièce d'argent sur les trois que valaient un repas (aussi moisi soit-il, mais nous y reviendrons), en plus d'avoir ledit repas de quelqu'un d'autre. Beaucoup d'entre eux semblaient se laisser dépérir, ou refuser les repas par rancoeur envers l'autorité, ou même attendre une exécution. C'était donc un marché gagnant-gagnant. Mais le refus quasi instantané de l'un d'eux donna le ton pour l'ensemble des criminels. Malgré tout, Balthazar l'avait prévu, et poursuivit au bluff.

"Quel gâchis. Alors que vous pourriez avoir une somme conséquente d'entrée de jeu à votre libération, pour mieux entamer un nouveau départ. Si vous voulez tant que ça me jalouser, alors jalousez moi, le fils de riche qui mange à sa faim, et qui sortira d'ici après avoir échoué son pari ! Mon majordome est là pour ma sécurité et mes besoins, je ne mourrai pas."

Il joua la carte de la culpabilité, pour tenter de leur faire regretter ces paroles, afin d'y réfléchir à deux fois. Il rajouta même des affirmations concernant son majordome sortis de nulle part, pariant sur le fait qu'il ne confirmerait rien, et n'infirmerait rien.

"...ou alors, cédez moi un repas pour une pièce d'argent. Je baisse le prix, pour m'avoir manqué de respect. Par contre, je ne prendrai qu'un repas par jour, alors ça sera au premier qui acceptera le deal."

Cette fois-ci, pas de refus immédiat. Il a au passage légitimé une situation où la baisse de prix n'est que la conséquence de leur attitude. Aussi, aucun prisonnier ne semblait avoir la connaissance du prix réel d'un repas ici. Les trois pièces d'argent prenaient probablement en compte l'"hébergement" d'un prisonnier et sa gestion, car la somme était quand même énorme pour un repas aussi miteux. L'offre semblait donc toujours autant intéressante. Et surtout, il fit fonctionner la loi de l'offre et de la demande, en les mettant en concurrence. Il tapa dans le mille, et une voix s'éleva du couloir de gauche.

"Hé garçon ! J'en suis ! Je veux pas de leur pain moisi, je préfère revenir voir ma famille avec une bourse ! Elle ne me mettra pas à la porte comme ça ! T'es ma meilleure chance, p'tit gars... même si t'es un nobliau."

Un sourire se dessina sur les lèvres de Balthazar, alors qu'Homère récupéra l'une des trois pièces d'argent, pour aller acheter le repas du prisonnier. Le plan avait fonctionné. Des grognements ici et là, venant d'autres captifs. Certains ne supportaient pas de voir que le noble arrivait à les acheter, alors que d'autres regrettaient d'avoir hésité si longtemps, avides d'argent pour raisons personnelles. Et c'est ainsi que le marchandage intensif continua, les prisonniers s'alternant non sans quelques jurons, pour être les prochains à vendre leur repas, un jour après l'autre, pour une pièce d'argent. Ce manège continua quelques temps. Il arrivait que des prisonniers partent, que des nouveaux viennent, ou que l'ensemble aille exécuter des travaux pour le compte de la prison ou de la ville... mais encore une fois, Balthazar en était privé, rajoutant à son statut insolite et particulier. Mais les bandits de son étage finirent par accepter la situation, et à même leur proposer leur couverture en cas de grand froid, pour bien se faire voir, et gagner des places dans la file d'attente de l'échange de repas.

Les jours se suivaient et se ressemblaient, à un détail près. Il était en train de chopper toutes les maladies possibles et inimaginables, à cause de sa constitution aussi solide qu'un steak au milieu d'une meute de loups. Un jour, un rhume se déclara. La semaine suivante, des démangeaisons insoutenables... puis le retour du rhume, sous fond de maladie impossible à déterminer qui lui fit voir légèrement jaune... Bref, ce fût le festival, et les multiples couvertures légués par ses amis d'infortune n'y changeaient rien. De temps en temps, son majordome frappa les barreaux de sa cellule pour s'assurer qu'il était encore en vie. C'était bien le premier geste réellement humain de sa part, qui sortait un peu de ses actions prédéterminées par ses directives.

Balthazar mourrait de faim. Après tout, un repas miteux uniquement par jour, c'était un sacré serrage de ceinture. Il n'osait pas imaginer les autres, qui devaient dormir avec bien moins de couvertures que lui, et exécuter des travaux forcés à l'extérieur. Et pour couronner le tout, son objectif ne sera pas atteint. En dépensant une pièce d'argent sur les 6 qu'il reçoit, à l'échelle de deux ans, il n'aura que 365 pièces d'or sur les 400 qu'il devra rassembler. Il était temps de réfléchir à la deuxième étape. Dépenser encore moins et manger encore moins ? Il en était hors de question, le garçon était déjà au bord de l'anémie. De temps en temps, une pointe de haine à l'attention de son majordome émergea dans son esprit, lui qui dormait et mangeait au chaud dans la salle des gardes avec une autorisation. Que faire ? Et envers qui ? Envers qui, hmmm... A y réfléchir, il ne connaissait aucun détenu, et malgré les échanges, il n'avait jamais pris la peine de discuter avec eux. La moindre information pourrait faire émerger un plan dans son esprit. Il s'adressa à la cellule à sa droite, entre deux quintes de toux.

"Le temps est long. J'ai envie de m'évader en écoutant vos histoires personnelles. Je serais ravi de raconter la mienne aussi. Mais vous, gentilhomme, parlez-moi de vous."

La phrase fit mouche. Une personne éduquée de la haute sphère considérait ce bandit comme un être humain, et lui accordait du respect et de l'intérêt. Cela les plaça au même niveau. Le bandit se présenta timidement, en essayant de ne pas trop déranger les autres captifs. Il en avait encore pour un an, et était condamné pour obstruction à la justice, en essayant de couvrir un ami faisant partie de la Cabale. Le suspect suivant n'en avait que pour encore trois semaines, et était condamné pour racisme et menaces sérieuses envers des orcs citoyens. Et un troisième se présenta sans grande conviction, car c'était son dernier jour ici. En effet, il était condamné à la peine capitale, pour avoir fait croire à son appartenance à la famille du magistrat de la ville, ce qu'il a fini par démentir lui même en démantelant tout son réseau au passage, étant connu pour être extrêmement méfiant de nature. Le condamné voulait probablement faire du détournement de fonds de la ville.

Un nouveau déclic se produisit dans la tête de Balthazar... Chaque personne avait son histoire, sa raison d'être ici. Et chacun avait des peines d'une durée différente, et des aspirations différentes. Que ce soit le plus respectueux des aventuriers, ou le plus répugnant des condamnés, chaque personne pouvait lui apporter quelque chose à son niveau. Tout le monde avait son rôle à jouer, et si personne ne voyait leur potentiel, alors Balthy en aura l'exclusivité, tout simplement.

"Je vois, tu es condamné à mort... Tu n'attends plus rien de la vie, n'est-ce pas."
"C'est bête, mais maintenant qu'on m'enlève le droit de vivre, je réalise son importance. Maintenant, ce qui me fait mal, ce n'est pas de mourir prochainement... mais de me dire que je ne vais pas laisser ma trace sur cette terre, et que personne ne me pleurera."
"Et si je te disais que c'était possible, une toute dernière fois... ?"

Certains détenus anciens, habitués aux manèges de Balthazar, laissaient échapper un gloussement, comme s'ils étaient habitués à ses belles paroles et ses combines intelligentes, et que c'était devenu la nouvelle distraction de la prison. Le condamné, lui, sortit enfin de sa torpeur par l'énergie du désespoir et de la curiosité, une lueur de volonté réapparaissant au fond de ses yeux. Il voulait au moins entendre sa proposition.

"Tu sais écrire ? Mon majordome a de quoi écrire sur lui. Donne moi une adresse n'importe laquelle, que ça soit celle de ton amante, de ta famille, de ta progéniture, d'amis ou d'ennemis envers qui tu as quelque chose à te faire pardonner."
"Vous m'assurez que je pourrai contacter quelqu'un ? Quel privilège... Mais pourquoi devrais-je vous croire ?"
"A ma sortie, je leur communiquerai ton mot, et j'y rajouterai un pécule modeste venant de ma famille pour les aider à remonter la pente. Ce n'est hélas qu'une promesse, à toi de voir si tu décides de me croire. Mais sache que je jure sur le nom Ubervius que ton contact entendra parler de toi, et de ton don. Un noble tient énormément à la réputation de son nom, alors ma promesse n'est pas à prendre à la légère."
"Si vous le dites, mon bon monsieur... Je vais vous suivre dans votre offre, dans ce cas.. Mais pourquoi faites-vous ça ?"
"Parce que ma famille en a les moyens, sauf que c'est à la seule condition que j'arrive moi même à sortir avec une certaine somme d'argent, d'ici la fin de ma peine. En retour, je demande donc humblement ton aide, et j'aimerais que tu consentes à me léguer toute la maigre fortune que tu as pu amasser dans ta cellule, qu'elle vienne d'un marché parallèle dont je tairai le nom, ou des pièces que je t'ai moi même offerte en achetant tes repas."

En gros, Balthazar lui offrait une rédemption et une richesse dans le futur, contre de la richesse concrète à l'instant présent. Le condamné n'arrivait pas à y croire. N'importe quel canular ou tentative grossière d'escroquerie aurait pris cette forme, notamment en prison... mais on ne parlait pas de n'importe qui, on parlait de Balthazar, un prisonnier atypique qui n'avait rien d'un prisonnier, et que les gardes considéraient différemment. De plus, il avait déjà tenu sa promesse avec l'achat de plateaux repas. Il avait envie d'y croire... Il voulait y croire... C'était le dernier voeu qu'il lui restait avant le trépas.

"Oui. Marché conclu."

Balthazar souria de toutes ses dents, presque de façon machiavélique. La scène se passant de cellules en cellules, tous les autres condamnés potentiels avaient vécu ce moment et commençaient à réfléchir à leur tour. Le condamné prit un moment avant de rédiger avec l'aide du majordome sa lettre d'adieu à une certaine "Corinne", paysanne dans des terres boisées très lointaines au sud, et y rajouta une petite bourse remplie d'une quinzaine de pièces d'argent, à destination de l'adolescent. Ce dernier soupira, espérant un peu plus. Mais bon, nous étions dans une prison après tout.

Et c'est sur ce dernier coup d'éclat que d'autres condamnés lui emboitèrent le pas, acceptant une offre similaire à leur tour, et concédant leur maigre richesse carcérale en récompense. Des sommes petites à très petites, mais mises bout à bout, au bout de quelques mois... l'écart avec l'objectif s'amincissait énormément. Et c'est comme ça qu'en un peu moins de deux ans, les 400 pièces d'or furent rassemblées. Il profita du temps restant pour troquer le surplus de pièces contre des herbes médicinales et une potion de soin, car son état devenait critique. La vie carcérale ne lui avait pas fait de cadeau.

Le jour J, il sortit de sa cellule tout sourire, en essayant de camoufler ses gloussements de satisfaction. Les geôliers l'abandonnèrent à l'entrée de la prison privée, dans le froid de l'Abysse de Frostwolf. Un froid de liberté. Un froid qui n'avait aucun effet sur le jeune homme, empli de fierté. Il fit un long et passionné cri de victoire, résonnant dans les reliefs des bâtiments abandonnés, avant de s'étouffer à moitié. Il n'était plus habitué à autant d'efforts. Sa main gauche contenait la somme requise, et sa main droite l'ensemble des derniers mots des condamnés à mort dont il avait soutiré de l'argent.

"Je n'aurai besoin que de ça."

Il rangea sa bourse bien remplie, et jeta l'ensemble des mots dans un brasero disposé près de la sortie, ne laissant aucune trace. Un mort n'a aucun souhait, et son argent, c'était son argent. C'est ainsi que Balthazar évolua une nouvelle fois, résolu à tirer parti du marché honnête comme des criminels. Le monde n'était pas blanc, ni noir. C'est le négociateur gris.
Livre 4 : Emancipation du monstre
(Thème musical)

Année 490.

Balthazar arriva fièrement à Springcrest, avec un sourire en coin et une marche assurée. Une fois de plus, il n'avait plus rien à voir avec la personne qui était partie il y a deux ans. Alors qu'il s'approchait de la haute ville, son regard se porta sur le vieux port, dans une zone entre la basse ville et la haute... En effet, une silhouette géante se tenait sur les quais.

"P-papa !?"

En effet, Sir Ulysse Ubervius en personne, avec un chapeau de paille et un seau d'eau rempli de poissons, se tenait là, avec une canne à pêche, sifflotant au vent. Pour sûr, il ne l'avait jamais croisé ni même connu avec cette dégaine et ce passe-temps. On était bien loin du digne marchand à l'avenir brillant. L'ogre se poussa doucement, faisant une place à son fils au bord de l'eau. Balthazar était un peu confus, mais ne se fit pas prier et s'installa, ne s'attendant pas à un bonjour comme à son habitude.

"Bonjour mon fils."
"... !?"

La discussion sortait déjà des sentiers battus aux trois premiers mots. Autant Balthazar avait acquis une énorme éloquence, autant son père restait encore sa faiblesse de toujours, ne sachant pas quoi dire, ni quoi faire. Par défaut, il se concentra donc sur l'épreuve qu'il lui a fait passer, et lui tendit les 400 pièces d'or.

"Oui, le majordome m'a informé de ta réussite. Je n'en attendais pas moins de toi."
"Attendre ? Pourtant, je ne suis pas le fils que tu as voulu. Depuis quand tu attends quelque chose de moi ?"
"Oui, oui, oui, oui... Tu n'as pas de talent en magie, tu as une force de mouche, tu ne maitrises aucune arme... Tu allais te faire écraser par ce monde impitoyable. Déteste moi de toutes tes forces si ça peut t'aider... du moment que l'odyssée te forge ta propre arme."
"Hein ? Tu me dis que ton traitement injuste envers moi était voulu, c'est ça ?"
"On a tous nos faiblesses tu sais. Je suis un très mauvais père, je suis totalement d'accord avec toi. Mais... ça ne veut pas dire que je t'ai abandonné. J'ai profité de ta jeunesse pour formater ton éducation sans sentiments superflus... je t'ai fait vivre en basse-ville de Frostwolf pour que tu puisses être débrouillard et que tu ne prennes rien pour acquis... et je t'ai fait vivre en prison pour que tu y découvres la beauté de ce que le monde ne veut pas voir. Regarde toi maintenant."

Le jeune homme plongea dans une intense réflexion interne, essayant de démêler les moments qu'il considérait comme injuste, en essayant de séparer les maltraitances avérées des tentatives de le rendre plus mature. Il est vrai qu'il avait énormément évolué. Mais malgré tout...

"Qui te dit que c'est ce que je voulais ? Peut être qu'avoir un père aimant me suffisait."
"Et ensuite quoi ? Tu aurais fini sans le sou, dépouillé par des brigands sans possibilité de riposte ? Et professionnellement, tu aurais fait quoi, alors que la moitié des domaines scientifiques est mal vue des clans de shaman et des autres factions ? Ou pire... J'aurais dû endurer ta mort dès la première semaine chez les aventuriers, ou les chasseurs de wyverne ?"

Après tout, peut être que l'absence de talent rappelé constamment dans son quotidien n'était pas une tentative de le formater, ou une excuse pour le déshériter... Mais tout simplement une véritable inquiétude d'un père qui connaissait le monde, et qui savait que son fils n'y trouverait pas sa place... du moins, en l'état.

"Je le redis... Déteste moi si ça te donne de la force... Le principal, c'est que ça te donne de la force. J'ai aiguisé ton arme du mieux qu'il était possible de l'aiguiser. Et ton arme, c'est l'éloquence."

Il lança un galet pour le faire rebondir plusieurs fois sur la surface de l'eau. Mais avec sa force absurde, son galet continua de rebondir jusqu'à percuter un bateau de pêcheur non loin, avec un bruit significatif. Bien que ça ne soit pas voulu, ça détendit un peu l'atmosphère. Il restait cette histoire de pièces d'or. Ulysse soupira, comme s'il ne lui avait pas encore tout dit.

"Tu as dû te poser la question, mais trois pièces d'argent pour le repas d'un détenu, c'est vachement élevé. J'ai demandé à des amis de t'enfermer à titre gracieux, pour que tu puisses voir l'une des facettes du monde que tu n'auras jamais l'occasion de voir autrement. En échange de ce service, j'ai payé une certaine somme, et je leur ai demandé de convertir la valeur d'un repas en pièces, en y rajoutant ma contribution."
"A vrai dire, je m'en doutais déjà fortement. C'était la seule explication."
"Tu le sais déjà, mais dans nos contrées, la noblesse peut s'acheter, ou au contraire se perdre... par contre, ce que tu ne sais pas... c'est que la famille Ubervius est endettée d'un montant de 400 pièces d'or. Nous n'avons plus rien."

Balthazar écarquilla les yeux. Cette discussion atypique avec son père enchainait les révélations, et il ne semblait pas être au bout de ses peines. Ulysse se tourna vers lui, impassible comme à son habitude.

"J'ai dépensé 200 pièces d'or à l'institution carcérale d'Ebonroc, pour qu'ils se chargent de les redistribuer à la place de tes repas, en plus de ton dû personnel, pour que tu m'en ramènes 400. Je me suis servi de toi pour faire fructifier notre argent. Haha !"

Une dette de 400 pièces d'or... Et il avait réussi à "acheter" son épreuve à la prison, à hauteur de 200 pièces d'or. Qu'est-ce que ça impliquait pour lui ? Il a forcément dû faire des concessions... Et le pire des scénarios, c'était celui où son fils décédait en prison, et où sa fortune ne lui revenait pas du tout. Il n'osait pas imaginer la suite.

"Oui, tu as bien deviné. Je ne suis plus un noble, j'ai perdu ce droit. La découverte de l'anima a bouleversé le marché, et je n'y étais pas favorable. Par contre... les 400 pièces d'or que tu as là, elles te permettent de rester noble malgré mon échec. Tu as sauvé la firme Ubervius. Sers toi de ton arme, maintenant. Et fais des prouesses que même moi, j'ai été incapable de faire."

Les sentiments étaient intense dans l'esprit du jeune homme, d'un côté il était choqué d'apprendre que sa famille ne représentait plus rien dans la sphère marchande et politique... mais de l'autre, il comprit l'étendue du plan à long terme de son "affreux" père, qui est allé jusqu'à parier l'avenir de la famille dans son propre fils, sans garantie qu'il arrive à se trouver un talent bien à lui. Cette révélation l'emplit d'émotion, des émotions qu'il ne pensait pas ressentir pour son père. De la considération... De la compassion... De la tendresse ? Sur ces mots, il se tourna une dernière fois vers son fils, en lui montrant un visage qu'il ne lui avait jamais offert. Un grand sourire franc, et des larmes aux yeux.

"Je n'ai jamais voulu être noble et marchand. Mes parents m'ont obligé, en me faisant vivre cette odyssée de la même façon... Mais toi, c'est comme si ça avait été conçu pour toi. Mon fils... J'espère que tu as su apprécier mon Odyssée."

Il le serra dans ses bras, et termina sa séance de pêche en rentrant dans la demeure familiale, vidée des bibelots les plus précieux, de la fortune accumulée. Il ne restait que les tableaux des ancêtres et quelques apparâts pour des sorties mondaines. Ulysse était devenu incroyablement humble, il n'avait plus rien à voir. Et étrangement, il semblait bien plus heureux, comme s'il pouvait assumer ses propres ambitions, en sortant enfin du rôle que ses propres parents lui ont attribué. Oui, il était doué dans tous les domaines de l'aristocratie, et probablement des arts du combat. Mais ce n'était pas ce qu'il voulait, et les succès de son fils lui ont permis de tourner la page. Balthazar rentra lui aussi, dans une chambre dont il n'avait quasiment jamais vu la couleur en tant d'années, en réfléchissant à toutes ces révélations. Il ne fallait pas qu'il vive la même chose que son père, et avec le talent qu'il a développé, l'avenir lui appartenait enfin.

Le jeune homme regarda son père disparaître à l'horizon, comme si c'était la dernière fois, et qu'il allait prendre son propre chemin, sans regrets, et sans craintes pour sa descendance.

Année 495.

Pour une raison énigmatique, Balthy s'appellait maintenant Balthazar B. Ubervius. L'ajout d'un B. n'était connu que de lui même. Mais ce changement avait une raison d'être, comme tout le reste, et bien que personne n'en doutait, personne ne connaissait la raison de cette évolution, ou n'a eu l'occasion de lui demander.

"Mon cher Homère, nous sommes bientôt arrivé à Glacebrise ?"
"La zone est particulièrement dangereuse. Soyez assuré que je mets tous mes talents à contribution pour vous ouvrir un passage entre ces pins géants, en vous éloignant des ennemis potentiels."

Quelques années plus tard, Balthazar était un véritable adulte indépendant. Homère, son majordome, était pleinement acquis à sa cause et tentait de lui assurer un avenir radieux, tout en répondant à ses besoins les plus sommaires. Glacebrise était connue pour être l'un des points de rassemblement principaux de la guilde des aventuriers. Homère s'interrogeait quasiment quotidiennement sur les véritables objectifs qu'il comptait assouvir une fois là bas. Son plan restait flou à ses yeux.

"Dites moi jeune maître... Que voulez vous exactement à la guilde des aventuriers ?"
"Je vois que ça te tracasse toujours autant... Il s'agit de l'institution légale la plus grosse, acceptant les missions les plus variées. Et moi, ce que je recherche, c'est de l'influence, et du profit. Vois-tu où je veux en venir ?"

Son majordome réfléchit. Qu'est-ce qu'un individu comme Balthazar, avec ses talents si particuliers, pourrait faire à la guilde des aventuriers ? Il était vrai que beaucoup de missions de récolte, d'information ou de marchandage basique demandant uniquement l'art de l'éloquence existait dans ce contexte, contrairement aux autres guildes et faction... mais était-ce vraiment suffisant ?

"Tu sais, la guilde des aventuriers pourrait devenir une institution bien plus grandiose qu'elle ne l'est. Après tout, les chasseurs de wyverne et les traque-ténèbres ne sont pas des aventuriers, à leur façon ? Et aussi... Je vois un monde où les criminels et les circuits parallèles sont mis à contribution. Pourquoi les mettre à l'écart, alors qu'il y a tant à tirer d'eux ?"
"Et dire que j'étais persuadé que vous alliez à Glacebrise pour leur prototype de locomotive à anima... Si je comprends bien, la guilde des aventuriers n'est qu'une étape..."
"Oui. J'aimerais gravir les échelons, atteindre un poste à la gestion de la confrérie des guildes... Et réformer le système des guildes. Elles pourraient coopérer bien plus simplement... Il y a tant à faire. Je veux mettre cette organisation à mes couleurs, et accrocher le logo des Ubervius au dessus de la porte de leur QG principal."

Homère esquissa un rictus. Le souhait initial de son protégé était de faire du profit, parce qu'il avait été formaté pour réagir comme ça. Mais malgré tout, il semblait avoir réfléchi à la question un certain temps, et son objectif était visiblement rempli de bonne volonté, à vouloir un système incluant la face sombre de l'humanité, mais aussi d'élargir les horizons. Sa nouvelle arme, son "éloquence" et son "intellect", semblaient influer sur ses objectifs malgré lui, souhaitant réformer les guildes pour le bien de tous. Et même lui n'avait pas conscience du bien fondé de sa mission, pensant être guidé par la simple avidité. Mais ce n'était pas si grave. Son majordome, lui, savait.

Sur ces mots, la vie de Balthazar continua sans autres événements notables, les prochaines actions décisives étant dans le futur. Il comptait révolutionner la vie des civils de ce monde, et cette transformation allait commencer dès à présent.

"Père, où que tu sois... L'Odyssée, elle commence maintenant."
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Actifs accumulés : Marché modeste de technomagie et d'anima
Prochain objectif : Créer des relations & augmenter les sources de revenu passifs
Protectrice & traqueuse
32 ans
Sang-mêlé
Colere
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Conscienciosité
Agréabilité
Névrosisme
Ouverture
Extraversion

Influence

Traque-ténèbres
Palier 2
Frostwolf
Palier 1
Force : 10
Constitution : 12
Sagesse : 13
Charisme : 14
Intelligence : 13
Dextérité : 15
° Dialogues : #906E4A ° Apparence : 1m82 - mince & élancée - physionomie elfe - oreilles doublement pointues - petites défenses orques - yeux vairons

Fiche validée
Félicitations ! Tu peux dès à présent rejoindre l'aventure sur Legendary.

Commentaire du modérateur
La bienvenue sur Legendary Balthazar !

Voilà une belle fiche, des plus travaillées. Qui se lit plus vite que la longueur ne pourrait laisser le croire! On se laisse rapidement emporté par cette Odyssée que traverse le jeune Ubervius, et qui lui en fait voir de toutes les couleurs. Mais lui permet également de grandir, à sa façon et avec sa singularité, ainsi que les armes toutes personnelles, graduellement affutées, dont il dispose pour affronter la dure réalité que le monde peut être.

Malgré l'implacabilité paternelle, qui le suit tout au long de son trajet, Balthazar finit par remporter les clés qui ouvrent la forteresse du cœur de son père, bien maladroit en tant que père, justement. Un gros défi de relevé ? Qui l'aura préparé à celui qu'est la suite de ses aventures ? Cela nous le verrons au fil de ses prochaines histoires parmi nous =)

Nul doute que son éloquence et son intellect se creusent de plus en plus une belle place au sein de la guilde des aventuriers. Et, qui sait, le mènent à ses sommets s'il se trouve capable d'y apposer sa marque avec perspicacité, pour le bien de tous... (et de sa propre bourse, tant qu'on y est ? 8D)

Les trajectoires sont multiples, hâte de voir lesquelles tu emprunteras, en espérant que tu prennes plaisir à rp sur ce chouette forum qu'est Legendary!

Bon jeu à toi et félicitations !

Ton compte est d'ores et déjà prêt, mais il te manquera probablement tes talents, qui définissent les pouvoirs et capacités spéciales de ton avatar, ainsi que tes caractéristiques, qui te permettront d'utiliser le système de lancé de dés !

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