Legendary RPG

Diana Sigmar était une elfe tourmentée, autrice de nombreuses œuvres sur les voyages temporels et sur Zelekrond. Toute sa vie, elle fut tournée en dérision par ceux qui ne reconnaissaient pas la valeur scientifique de ses écrits. À son plus grand damne, ses ouvrages étaient au mieux considérés comme de la fiction et elle ne parvenait guère à faire éclater la vérité sur sa situation. Diana était perdue, incomprise, pleine de rancœur, abimée par une obsession de prouver qu’elle ne mentait pas et de revenir à son époque. Elle avait néanmoins trouvé un peu de réconfort dans les bras de son premier mari, avec qui elle eut un petit garçon nommé Vlad : un homme qui périt lors d’une rixe dans les rues de Frostwolf. Elle s’était ensuite entichée d’un autre homme : un chercheur humain ouvert d’esprit nommé Jesse Mistweaver, qui voulut croire son histoire. Diana et Jesse vécurent une idylle presque parfaite pendant quelques années. De cette union naquit Serah, une sang-mêlée prise entre sa condition d’elfe et sa condition humaine. Malgré une constitution assez précaire et quelques inquiétudes, l'enfant survécut et put grandir proche de sa mère, son frère et son père. Elle habita plusieurs années une demeure modeste dans le quartier nain, loin des horreurs de l’Abysse.

Cette situation ne perdura pas, hélas. Serah avait 9 ans lorsque Jesse, confronté à des problèmes d’argent, alla trouver des financements du côté du crime organisé de Frostwolf. Le couple se sépara et, après une violente dispute, Diana laissa Serah aux bons soins de son père avant de définitivement disparaître de sa vie avec son jeune garçon. L’enfant ne revit plus sa mère, et celle-ci s’éteignit d’épuisement prématurément quelques mois plus tard, sans jamais réussir à atteindre son rêve. Vlad, déjà en âge de prendre son indépendance, ne revint pas auprès d’eux et s’évanouit dans la nature pour suivre sa propre voie : probablement peu désireux de s’approcher de Jesse qui sombrait peu à peu. Cette décision peina Serah, mais elle n’avait aucun pouvoir pour modifier le cours des choses. Jesse revendit sa maison dans le quartier nain et s’établit dans une habitation plus abordable, à l’orée de l’Abysse.

Les problèmes de Jesse avec la mafia locale n’allèrent pas en s’arrangeant. Rapidement, il fut dévoré, criblé de dettes, acculé par des créanciers aux dents longues, sur le pas de sa porte. La situation était devenue particulièrement critique et l'on menaça Jesse de lui enlever Serah pour éponger une partie de sa dette. Néanmoins, le père aimait sa fille et il ne voulait pas entraîner cette dernière dans sa chute. Dans les derniers moments de son existence, il mit tout en œuvre pour organiser un départ discret et clandestin de Serah pour Mystveil, lui permettant ainsi d’échapper à la vigilance des mafieux. L’opération fut couronnée de succès, et Serah fut exfiltrée chez son oncle et sa tante. Jesse mourut, exécuté, quand on se rendit compte de l’absence de sa fille et devant son refus de se plier aux basses besognes. Privée du moyen pour faire pression sur lui, il n’était plus d’aucune utilité à la mafia locale.

Serah Mistweaver eut une adolescence relativement paisible à Mystveil et trouva initialement une place au sein de l’académie : excellant dans la maîtrise de la foudre. Elle n’avait néanmoins pas hérité de l’amour de ses parents pour les livres et s’adonnait davantage à élargir le cercle de ses amis et ennemis : sa personnalité forte faisait qu’elle était généralement soit aimée, soit détestée par ses camarades. Elle se forgea dans un univers relativement sain, mais dans lequel elle ne se sentait pas réellement à sa place : elle rêvait d’aventure et ne tenait pas en place. Elle dévia donc quelque peu du parcours de la mystveilloise idéale pour emprunter des voies moins acceptées socialement. Elle s’impliqua dans diverses affaires de petite délinquance à Mystveil : vols, dégradation de biens publics, consommation de matières illicites… Parmi ses exploits de jeunesse figure l’apposition d’une peinture rouge sur les doigts de pied de la statue de l’archimage Avasim, à la manière d’un vernis. Elle passa d'ailleurs un certain temps à les astiquer pour leur redonner leur apparence initiale après s’être fait prendre... Mais ça valait le coup ! Serah s’avéra très vite source de problèmes et perdit sa place à l’académie à l’âge de 17 ans à cause de son comportement jugé inadapté.

Serah avait progressivement développé certaines capacités au combat et ses divers talents lui permirent d’attirer l’attention d’un recruteur dans une taverne qu’elle fréquentait et qui tôlérait encore sa présence. Habile avec les mots, ce dernier sut la convaincre plutôt aisément : elle pouvait gagner sa vie d’une manière plus simple tout en conservant sa liberté, à condition qu’elle respecte les principes de la Confrérie. Malgré les diverses tentations d’une existence de vagabonde, elle ne s’était jamais rendue coupable d’un crime et avait toujours refusé de jouer les mercenaires pour des missions trop illégales. En ce temps là, elle n'avait pas de sang sur les mains. Elle avait commis quelques petits délits sans importance ça et là… S’ajoutait le fait qu’elle se débrouillait pour faire les poches de diverses personnes, ce qui lui valut d’entrer dans la liste noire de certaines auberges et tavernes, sans plus. Elle commença donc à mener une existence plus sage mais qui restait assez libre : ses missions la conduisirent aux quatre coins du monde, jusqu’à ce qu’un nom du passé revienne à ses oreilles : Vlad Sigmar.

Le fruit du hasard ou un coup du destin… L’un ou l’autre marqua un nouveau tournant dans sa vie quand l’une des missions de la guilde des aventuriers l’amena à recroiser la route de son cher frère. Vlad, qu’elle n’avait pas vu depuis plus de 20 ans. Bien sûr, il était devenu un homme, et elle ne fut capable de l’identifier que grâce à son patronyme. Malgré quelques reproches formulés par Serah à son encontre, le frère et la sœur ne se séparèrent plus et développèrent une relation très complice. Les années passèrent, et finalement Serah fit le choix de porter le nom Sigmar plutôt que celui de son père (Mistweaver). Le duo réalisa beaucoup de missions ensemble, même les deux continuaient de mener leur petite vie de leur côté. Ils se soutinrent mutuellement à de multiples occasions sans jamais réellement empiéter sur la vie personnelle de l’autre. Chacun avait son petit caractère, ses qualités et ses défauts. Ils purent avoir quelques prises de bec sans gravité au fil des années qui suivirent, sans jamais détruire le lien fort qui les unissait. Serah lui reprochait son côté rigide, il lui reprochait son côté tête-brûlée et les diverses petites entorses qu’elle faisait au règlement de la Confrérie.

Lorsque les wyvernes arrivèrent sur Ankaa et détruisirent la Croisée, Serah se laissa convaincre par son frère de croire en l’alerte d’un certain Ghal Maraz au sujet d’une menace à venir et assista aux réunions qui décrivaient l’ennemi et aux entraînements pour lui faire face. Elle participa à la bataille et contribua avec de nombreux autres combattants à repousser les wyvernes. Cet évènement laissa sur son corps une marque indélébile provoquée par le souffle d’un rathalos : une grande marque de brûlure de sa jambe jusqu’à son flanc droit. Une blessure aujourd’hui complètement cicatrisée mais dont elle conservera une sensation désagréable toute sa vie. Lorsque la guilde des chasseurs de wyverne fut fondée, Serah hésita quelques temps, avant de faire à nouveau le choix de suivre son frère dans ses aventures. Elle n’avait pas de flamme particulière à chasser les wyvernes, mais c’était un boulot bien payé et elle se laissa convaincre de mettre son talent au service de la guilde. Figurant parmi les premiers membres de l'organisation, elle rejoignit la division des crocs en tant que combattante et devint au fil des ans une vétérane respectée qui prenait régulièrement de nouvelles recrues sous son aile.

Serah avait déjà 40 ans d’expérience en tant qu’aventurière et 13 en tant que chasseuse de wyvernes. Elle occupait un poste à responsabilité dans la guilde et menait régulièrement des escouades pour honorer les missions qu’on lui confiait, veillant jalousement à ce que chacun revienne en vie. Un beau jour, l’une de ces missions l’amena dans la savane draconique, afin de déloger quelques barroths qui monopolisaient les plans d’eau de la zone durant une saison particulièrement aride, causant beaucoup de tort aux habitants de la région. Il était par ailleurs également question d’enquêter sur la présence d’une redoutable wyverne qui aurait dévoré quelques malheureux. Après avoir mis en déroute ou abattu les barroths des points d’eau, l’escouade s’était employée à inspecter la zone : un nid, fort probablement… Mais, malgré la présence de corps aux alentours la bête ne fut guère trouvée. Le groupe se sépara pour élargir le périmètre des recherches, et Serah resta dans le nid avec quelques-unes de ses recrues pour faire le bilan les victimes et récupérer des objets sur les défunts pour les remettre aux familles endeuillées. C’est tout à fait par hasard que des cris et l’agitation d’un affrontement la poussèrent vers Hélios, alors enfant, attaqué par l’un de ces monstres étranges dont la sang-mêlé avait déjà croisé la route. Serah n'hésita pas un instant et pourfendit le nihilim. Elle s’inquiéta sincèrement de l’état de l’enfant qu’elle venait de tirer de ses griffes : blessé, à peine conscient… Elle avait déjà assisté à une nihilification même si elle ne comprenait pas exactement de quoi il retournait, et elle craignait de voir cette âme innocente y succomber. Alors, considérant que son équipe ne courrait aucun danger, elle confia le commandement de la mission à l’un de ses subordonnés et se retira sans autorisation, emportant avec elle l’enfant blessé. Elle venait de commettre une faute : un acte qui lui valut des représailles et un recadrage musclé de la part de son supérieur et elle fut rétrogradée, mais elle ne regretta jamais. Ses hommes revinrent sains et saufs de la mission qu’elle avait désertée… Et Hélios n’avait pas succombé aux ténèbres. Il avait rencontré un purificateur juste à temps semblerait-il… Une chance que ce traque-ténèbres qu’elle connaissait bien œuvrait toujours dans le coin. On n’avait néanmoins rien pu faire pour son œil, et Serah le garda près d’elle plusieurs jours le temps de s’assurer qu’il ne représentait réellement aucun danger pour ses proches. Elle occupa ce temps d’observation à l’écouter, lui parler, lui conter les merveilles du monde, lui narrer des chasses, lui raconter diverses anecdotes plus ou moins idiotes... Ce n’était pas un gamin compliqué à vivre, elle l’aimait bien et elle fit tout cela de bon cœur, sachant qu’elle devrait ensuite rendre quelques comptes à son cher frère pour son insubordination. Hélios était retourné dans sa famille, mais ils gardèrent le contact par le biais de missives, jusqu’à ce que le jeune garçon décide finalement de marcher dans ses traces.

Sa vie prit un tournant tragique lorsqu’une mission à proximité de la caldeira maudite tourna au désastre. Son escouade fut submergée lorsqu’une seconde wyverne, un odogaron, la prit à revers tandis qu’ils étaient aux prises avec un barioth. Elle avait sauté et roulé sur les flancs abrupts de la caldeira pour échapper à la mort quand il fut évident qu’elle ne pouvait plus rien faire pour ses compagnons. La chance lui avait permis de rester en vie, mais pas de s’en tirer indemne. Affaiblie et en proie à un stress intense, elle attira des ombres et fut attaquée tandis qu’elle tentait de rejoindre la route : sans pouvoir se défendre, elle s’effondra et perdit connaissance, couverte de blessures, principalement infligées par sa chute et par les nihilims. Quelque chose s’était définitivement brisé en elle : une sorte de vide qui la fit énormément souffrir les premiers temps avant de s’attaquer à la santé de son esprit abîmé. Elle ne se souvenait pas d’avoir été attaquée par les nihilims, comme si cette partie de son existence avait été dévorée. Le souvenir de la mort de ses camarades resta, quant à lui, bien ancré dans son esprit et dans son cœur douloureusement creux. Elle avait finalement pu rejoindre un village proche après avoir reprit connaissance, et son frère vint la chercher pour la ramener à Ghal Maraz. Durant des mois, Serah fut rongée. Détruite d’apprendre que tous ceux dont elle avait la responsabilité avaient péri, sauf elle. Une horrible sensation intensifiée par une espèce de vide dans son cœur : elle avait perdu sa joie de vivre et souffrait sans être capable de pleurer ou de mettre des mots sur son mal. Elle se confia à son frère, qui mis longtemps son état sur le compte d’un traumatisme. Elle se confia à Hélios, qui lui avait offert une écoute beaucoup plus attentive que son frère et qui restait ouvert à l’idée qu’il n’y avait pas « que ça ». Quand l’hypothèse de la nihilification de son âme fut envisagée… Il était déjà trop tard, elle avait passé le point de son retour. En quelques semaines, sa personnalité avait complètement changé. Le comportement de Serah se fit de plus en plus déviant : elle se mis à générer des conflits autour d’elle et semblait s’en satisfaire. Profitant de la compassion et de la confiance que beaucoup de ses camarades avaient pour elle, elle s’engagea dans diverses relations qui n’avaient pour but que de créer de la souffrance émotionnelle. Elle se rapprocha de ces gens pour les trahir, les décevoir, leur briser le cœur, leur donner un espoir vain, provoquer des dilemmes… L’infime instinct de protection que sa partie humaine éprouvait encore pour Hélios l’empêcha de lui nuire autant qu’aux autres, mais elle savoura honteusement l’incompréhension et le chagrin que cette situation générait chez lui. Il lui trouvait toujours des excuses contre chaque accusation portée à son encontre, convaincu qu’elle ne voulait pas faire de mal. Une âme si idéaliste… Elle commença à consommer de plus en plus de matière illicite, essentiellement de l'anima impure. Elle en fit également consommer à d'autre sans qu'ils le sachent : dissimulant la drogue dans un verre ou une assiette. Son petit jeu durant des mois avant que Vlad ne décide d’éloigner Hélios d’elle : souhaitant protéger le jeune homme de son influence et de la toxicité du lien qu’elle entretenait avec lui. Il échappa ainsi à ses griffes et resta convaincu de sa bonté, celle qu’il connaissait été pourtant morte et Vlad s’en était bien rendu compte. A cette époque, Serah causa beaucoup de mal autour d’elle, et passa le point de non-retour lorsqu’elle enferma un dragonnier de la guilde dans la cage d’une wyverne et l’observa se faire mettre en pièce. Rien ne pouvait prouver sa culpabilité, mais sa suffisance insolente et la conviction de son frère sur sa culpabilité la conduisirent à son exclusion de la guilde. Une décision qui, loin de lui faire de la peine, l’amusa : Serah avait définitivement perdu la tête... Elle reprit une existence de vagabonde et erra dans le monde : continuant de tourmenter quiconque avait le malheur de croiser sa route et de lui prêter attention. Elle s’attacha, s’enticha, charma, manipula et détruisit émotionnellement de nombreuses personnes dans son sillage. Des couples, des familles, des alliances, des serments, des promesses…

Après plusieurs années d’errance, Serah retourna s’établir à Frostwolf : ses racines, une ville de vices dans laquelle elle se sentait comme un poisson dans l’eau. Si elle resta vigilante sur sa consommation d’anima pour éviter des effets trop négatifs sur son libre arbitre, elle s’adonna à d’autres exactions et entra peu à peu dans le milieu du crime organisé. Le trafic de médicaments et de diverses drogues était le fonds de commerce des crapules du coin, elle fut payée pour diverses missions : négocier avec un receleur, harceler un mauvais payeur, corrompre un juge, escorter et surveiller une cargaison, éliminer un témoin gênant… Elle se complaisait dans tout ceci et de l’ambiance qui pouvait régner entre les différentes familles au sein du cartel. Jamais complètement au service de l’un, elle s’arrangeait pour virevolter d’une famille à l’autre, colportant des rumeurs et attisant de vieilles tensions entre elles. L’une de ces familles, les Martell, semblait receler beaucoup de potentiel, avec certaines personnalités fortes et des âmes puissantes qui éveillaient une espèce d’instinct nihilim tapis à l’orée de sa conscience. Elle fréquenta leurs établissements en tant que client même si elle n’œuvra jamais pour leur compte. Une famille rivale l’envoya une fois espionner leurs affaires contre une coquette somme, cette situation de voyeurisme entre rivaux l’amusait et elle s’arrangea pour que le patriarche et la matriarche apprennent cette félonie sans se compromettre elle-même. Son aisance et son absence d’éthique attira l’attention des recruteurs du fléau de la paresse : Serah fut abordée, et elle accepta finalement d’être marquée de la marque de la cabale. Elle porte désormais cette marque sur l’abdomen. Désormais sous les ordres du fléau de la Paresse, elle continua de commettre avec aisance ses méfaits tout en jouissant d’une bonne rémunération et d’une forme d’indépendance vis-à-vis des familles du cartel. Elle continua de fréquenter quelques établissements et d’étendre sa toile de discorde personnelle. Elle continua ce faisant de suivre avec intérêts les évolutions de la fratrie des Martell : leurs âmes étaient fort prometteuses et elle œuvra à les approcher discrètement un par un pour mieux les observer.

Le précédent fléau disparut dans des conditions étranges, et Serah, qui entretenait certains liens avec, rencontra pour la première fois Evarlène tandis qu’elle entendait lui rendre visite. La sans-cœur se délecta des annonces de lui fit l’étrange femme au sujet de feu l’ancien fléau et se fascina pour l’aura qu’elle émanait : une aura puissante et maléfique… Celle d’un être bien supérieur auquel sa nature de nihilim lui ordonnait de se soumettre. Mue par cet instinct nihilim, Serah s’inclina devant Evarlène et lui préta allégeance : son interlocutrice savait. La grande figure de la Chasse Sauvage et émissaire du Confesseur savait qu’elle aurait une fidélité sans faille et exclusive de la part de ce pion efficace : Serah servirait ses intérêts sans sourciller. L’ancien fléau avait déçu les attentes du Confesseur et en avait payé le prix : banni dans les ténèbres de l’Autre Côté. Serah avait été choisie pour reprendre le flambeau avec une préconisation : continuer de contrôler le cartel par tous les moyens et étendre l’influence du précepte de la Paresse. La nouvelle situation du Serah lui convenait parfaitement, et sa nouvelle position lui permettrait d’élargir son champ d’action personnel, provoquant des situations toujours plus impossibles autour d’elle. Elle arborait désormais le nom de Sigmar comme un majeur dressé à la face de son frère.